chapitre premier
8H30, je suis en retard; clo n'a pas voulu venir, il fait trop froid, du vent glacial, une légère bruine, un ciel gris, le tableau est dressé, il faut faire avec, comme il faut faire avec la vie.
Les mouettes tournent dans le ciel chargé de nuages, elles se baladent au gré du vent, à tournoyer après notre passage à ramasser la pitence restante sur ce quai...le quai des mouettes...
"vous avez votre carte"
-oui, voilà
"vous êtes seul aujourd'hui madame a eu un empèchement ?"
-non elle est fatiguée...
oui elle est fatiguée de venir, de mentir, de vomir cette situation difficile à se laisser tomber dans l'oubli mais à survivre...
la porte s'ouvre, il y fait froid, on attend dehors
" un peu de café, thé chocolat ?"
l'acceuil est sympa, la queue s'allonge au fil du temps, les portes sont clauses, on attend le départ.
Les gens arrivent les uns après les autres, empétrés dans leurs manteaux, chacun avec son histoire, son parcours, sa vie.
Des beaux habits, des voitures neuves, des tas de ferraille, des mal coiffés, des pouilleux, des petites gens, un reflet de la société des mal classés des mal perdus, bref un aspect de la misère.
et j'attends dans le froid à regarder les mouettes tourner dans le ciel, à m'effacer de ce monde, à observer les uns et les autres, ne pas être reconnu, la hantise d'être là, à attendre à la vue de tous.
des voitures passent, ralentissent, regardent, je n'avais jamais fait gaffe à ce quai de l'oubli, à cette queue de certains jours de la semaine, un quai oublié, au fond d'un port, un cache misère.
Des images s'entechocs dans mon esprit à comprendre cette descente, cette glissade, c'est notre deuxième saison, une d'été et deux d'hiver, il y a plus de monde qu'avant, des jeunes, des femmes seules avec enfants, des petits vieux, et moi je suis là.
Comme à chaque fois on se complait dans le jeux à prendre des vêtements neutres, ils ne comprendraient pas...à se fondre dans le groupe dans le lot à attendre, ne rien dire, ne rien voire, ne rien entendre, et j'attends mon tour, patiement, mais j'attend
